samedi 14 mars 2009

La respiration pour unifier l'esprit et l'énergie


Afin de mieux comprendre comment la respiration est un moyen d'exercer l'esprit et de ressentir l'énergie que l'on porte en soi, voici quelques extraits du livre "Le zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc" qui sont très explicites et qui, mis bout à bout, permettront de saisir un peu mieux la sensation qui peut se dégager en pratiquant ces exercices. Ici, ils se rapportent à la pratique du kyudo (l'art du Tir à l'arc japonais), mais je ne pense pas qu'il soit trop difficile de faire des ponts avec la pratique du karaté.

"(...) enfin je comprenais le sens de l'expression bander son arc en "esprit". (...) Il ne s'agissait nullement d'un procédé technique que, vainement, j'avais essayé de découvrir mais tout uniquement de trouver dans la respiration de nouvelles possibilités de libération."

"Le maître nous dit un jour: "L'acte de l'inspiration lie et réunit, tout ce qui est convenable s'accomplit tandis qu'on retient le souffle: l'expiration, elle, délivre et parfait, en triomphant de toute limitation."

"En respirant ainsi, vous découvrirez de plus le principe de toute force spirituelle, et plus vous serez décontracté, plus vous constaterez que cette source ruissellera dans tous vos membres."


Il apparaît bien une unité profonde entre les différents arts du bushido, quels qu'ils soient. La respiration en est un des éléments clés, non seulement pour ressentir sa propre énergie et la déployer mais aussi pour permettre à l'esprit d'atteindre l'état de détachement nécessaire pour exécuter avec justesse le geste.

" Si l'on veut obtenir un départ convenable du coup, il faut ajouter maintenant à la décontraction physique une détente de l'esprit et de toute l'âme, en vue de rendre l'esprit non seulement mobile mais libre(...). C'est en se retranchant de toutes connexions, quelles qu'elles soient, en se dépersonnalisant de fond en comble, que l'âme abîmée en soi se montre en la toute puissance de son origine indicible.
Ce n'est pas par la volonté de se détourner énergiquement qu'on peut satisfaire le mieux à l'exigence de fermer la porte des sens, mais plutôt par une disposition à céder sans résistance. Mais, pour que réussisse d'instinct ce comportement passif, il faut à l'âme une armature interne; elle l'acquiert en se concentrant sur l'acte respiratoire.(...)
Le résultat de cet exercice ne se fait pas attendre. Car plus intensément l'on se concentre sur l'acte respiratoire, plus s'atténuent les excitations venues de l'extérieur. Elles s'engloutissent dans un vague murmure, auquel on commence par ne plus prêter qu'à demi l'oreille, pour n'en être finalement pas plus troublé que ne l'est celui qui est habitué au murmure de l'océan. (...) Que le corps soit debout, assis ou couché, il suffit de veiller à le tenir détendu au maximum, et si l'on se concentre alors sur l'acte respiratoire, on se retrouve bientôt comme isolé par des enveloppes imperméables."

La concentration sur l'acte respiratoire est donc un exercice essentiel, réel et abouti dans la pratique du Do à travers le tir à l'arc. A nous de l'appliquer à la pratique du karaté.